Amérique bipolaire : Paul Thomas Anderson électrise le cinéma avec « Une bataille après l’autre »

Amérique bipolaire : Paul Thomas Anderson électrise le cinéma avec « Une bataille après l’autre »
© Leonardo DiCaprio dans « Une bataille après l’autre » de Paul Thomas Anderson

La fièvre est là, palpable, et rien ne vient la dissiper. Avec « Un bataille après l’autre », Paul Thomas Anderson remet le présent au centre. Le rythme tranche, la caméra serre, et chaque plan respire l’urgence. On avance, intrigué, porté par une mise en scène nerveuse qui tient, surprend, et ne s’excuse jamais.

« Un bataille après l’autre » propulse un cinéma à hauteur d’époque

Attendu depuis longtemps, un grand film américain répond enfin à l’époque. La réalité file plus vite que la fiction, pourtant le geste tient. Le cinéaste refuse la nostalgie et vise la hauteur du moment. Des formes contre-culturelles reviennent. Elles rappellent les années 1970 et hantent le présent.

À la fin des années 1990, Paul Thomas Anderson surgit comme héritier d’Altman (1925-2006). En trente ans et dix films, il défend une complexité de forme du Nouvel Hollywood. Il écrit, produit et réalise. There Will Be Blood (2007) le prouve. Phantom Thread (2017) aussi. Licorice Pizza (2021) goûtait une douceur d’antan.

Après Inherent Vice (2014), il prolonge son lien avec Thomas Pynchon. Il adapte librement Vineland (1990) et signe une odyssée cinglée. Avec « Un bataille après l’autre », la narration s’ouvre. Elle épouse le chaos sans perdre l’essentiel.

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« Un bataille après l’autre » au cœur d’une épopée activiste qui déborde

D’entrée, un groupe antifasciste attaque un centre de rétention pour migrants mexicains. Perfidia Beverly Hills (Teyana Taylor), militante noire, veut abattre le patriarcat blanc. Elle humilie le colonel Steven J. Lockjaw. Sean Penn incarne ce militaire bravache et l’ordre vertical qu’il défend.

Les « French 75 » enchaînent les coups, épaulés par le « geek » des explosifs Bob Ferguson (Leonardo DiCaprio). Sabotage, braquage de banque, puis la traque : Lockjaw devient l’ennemi juré. « Un bataille après l’autre » agit comme axiome tactique. Chaque geste appelle le suivant, relance le récit.

La première heure file, portée par le piano ostinato de Jonny Greenwood. Anderson met en scène la libido de l’activisme, mélange politique et désir, qui libère une énergie folle. Perfidia l’incarne. Elle couche avec Bob et Lockjaw, tire à la mitrailleuse, ventre bombé d’une grossesse à la paternité incertaine.

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Binarité assumée, satire politique et militarisation rampante

Le mouvement s’inverse. Quinze ans plus tard, la cellule s’est dissoute. Sous une fausse identité, Bob élève sa fille Willa (Chase Infiniti) dans une ville frontalière du Mexique. Paranoïaque, fumeur, il se claquemure. Pourtant, « Un bataille après l’autre » reste sa boussole.

Lockjaw se rapproche. L’ex-militant retrouve ses réflexes clandestins, avec des kilos en trop, un peignoir sale, l’esprit embrumé. S’ouvre une épopée antihéroïque, comédie de l’incompétence. « Une bataille après l’autre » devient la tactique pour survivre à la tempête.

Le récit traverse le pays et assume une binarité. Deux camps se poursuivent, révolutionnaire et réactionnaire. Anderson polarise plutôt qu’il ne fouille l’ambiguïté, à rebours d’Ari Aster avec Eddington. Sans manichéisme, il compose une synthèse du clivage américain et montre une militarisation des liens familiaux, citoyens et politiques.

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Ce que cette odyssée dit d’une Amérique polarisée et armée aujourd’hui

Rien ne s’apaise, tout s’aiguise, et le cinéma capte ce battement. Par la précision de la mise en scène, par le rythme, Anderson électrise le présent. « Un bataille après l’autre » devient méthode et motif. Il invite à regarder droit devant, lucide, et à avancer malgré le bruit. Le regard demeure tendu, pourtant l’émotion circule sans forcer.

axelle

Dès la fin du lycée, j’étais ce genre d’ami qui apportait toujours les dernières nouvelles. Avec le temps, j’ai découvert le blogging, j’en ai fait mes études et aujourd’hui, je suis là pour vous partager chaque jour des actualités fraîches et pertinentes.

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