Ziad Takieddine, personnage central de l’affaire libyenne : son parcours surprenant, de la montagne aux affaires troubles
Entre sommets enneigés et coulisses du pouvoir, un même fil tendu guide chaque étape. Figure controversée, Ziad Takieddine incarne une zone grise où affaires et pouvoir se croisent. Le récit suit un itinéraire singulier, fait de rencontres, d’audace et de brusques revirements. Ces pas ont laissé des traces durables dans l’affaire libyenne et au-delà, car les faits comptent.
Des débuts mondains vers un réseau d’influence
Issu d’une bourgeoisie libanaise, il commence dans la publicité, puis fuit la guerre civile. Il rejoint la France dans les années 1980, car l’exil force les choix. À Isola 2000, il dirige la station. Il mesure comment la réussite attire, tandis que les réseaux se tissent.
Il se lie avec des figures publiques, dont François Léotard, futur ministre de la Défense d’Édouard Balladur. Au début des années 1990, dans un avion, il retrouve un ancien camarade devenu vendeur d’armes. L’occasion fait le lien, car ce monde exige des introductions autant que des contrats.
Par capillarité, les réseaux s’épaississent, car le carnet d’adresses devient un capital. L’intermédiaire prend forme et s’impose dans des dossiers sensibles. Ziad Takieddine avance à pas calculés, tandis que la politique croise l’armement et les affaires étrangères. Le décor se pose, les prochains épisodes promettent des secousses.
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Ziad Takieddine au cœur d’accusations changeantes
Dès 2012, il affirme que la Libye a financé la campagne 2007 de Nicolas Sarkozy. La même année, il dit au juge détenir des preuves. En 2013, il soutient que des fonds ont visé Nicolas Sarkozy et Claude Guéant. Les dénégations sont vives, car l’enjeu politique reste majeur.
Fin 2016, une vidéo de Mediapart relance tout. Il assure avoir remis cinq millions d’euros en liquide, en 2006 et 2007, à Nicolas Sarkozy et à Claude Guéant. L’instruction le met en examen pour complicité de corruption et trafic d’influence, tandis que sa parole demeure contestée.
En 2020, retournement bref: il dit à BFMTV et Paris-Match que Nicolas Sarkozy n’a pas reçu d’argent libyen. En janvier 2021, il se ravise devant les juges français. La justice ouvre en juin 2021 une information pour subornation de témoin et association de malfaiteurs. Ziad Takieddine reste au centre.
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Ziad Takieddine face aux juges et aux secousses finales
Parallèlement, la cour d’appel de Paris confirme début 2025 une peine de cinq ans ferme. Elle concerne le volet financier de l’affaire Karachi. Des commissions occultes visaient des contrats d’armement avec l’Arabie saoudite et le Pakistan, au milieu des années 1990. Le casier judiciaire s’alourdit.
Le 23 septembre, à Beyrouth, il meurt à 75 ans, deux jours avant une décision du tribunal correctionnel de Paris. Selon son avocate, il était détenu depuis un mois à la prison de Tripoli, au nord du Liban. Un avocat libanais, se disant impayé, avait saisi la justice. Il décède à l’hôpital après une crise cardiaque.
Visé par un mandat d’arrêt dans le dossier Sarkozy-Kadhafi, il attendait le jugement annoncé pour le jeudi suivant. Sa disparition devrait éteindre l’action publique à son encontre. De l’argent libyen a bien circulé en France, et la question de son usage final demeure pour Ziad Takieddine.
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Ce que révèle un destin entre affaires et contradictions
Derrière les renversements, un portrait s’installe: habileté, accès, zones grises, puis conséquences. Les chiffres, les dates et les procédures jalonnent un parcours qui a mêlé ambition et risques. Les récits se heurtent, car les intérêts divergent, mais les faits s’additionnent. Ziad Takieddine laisse une trace durable, entre pouvoir et controverse, tandis que la justice, encore, fixe les limites. Le puzzle reste ouvert, la mémoire veille.